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Affichage des articles du 2021

NOUVELLE FANTASTIQUE

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  La fleur de la mort. Lorsque votre bouteille de whisky devient votre meilleur ami, votre existence n’est que survie. J’ai tout perdu. Mon mariage, mon entreprise, mon fils et dans quelques instants, ma vie. Bien sûr, j’ai des centaines d’excuses à vous dire, mais à quoi cela servirait-il ? Vous les entendez déjà ; un enfant malheureux, abandonné, maltraité, si peu aimé, élevé par des monstres et une rencontre mortelle avec Fleur. Oui, tout cela n’est que prétexte, je vous l’accorde, sauf pour Fleur. Vous ne connaissez pas encore Fleur, chanceux que vous êtres. Ne vous inquiétez pas, je vais vous présenter mademoiselle Fleur, du moins ce que je sais d’elle.   La première fois que je suis tombé sur cette fleur de la mort, mon copain Billy et moi faisions notre première communion. Le printemps annoncé des jours plus heureux, Dieu nous concédait son pardon et Billy avait survécu à un sale cancer. Tout était parfait. Après avoir embrassé l’Eucharistie, mon meilleur ami et moi restâmes

A une passante. Charles BAUDELAIRE .

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A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet. Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! Charles BAUDELAIRE 1821 - 1867

Nouvelle fantastique. Héritage mortel.

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  Héritage mortel. John coupe le moteur de sa Mercedes, Clairette ne peut y croire ses yeux, la maison qu’elle vient d’hériter est une véritable merveille. Une villa du style victorien planté au cœur d’une magnifique forêt presque enchantée. Clairette n’a jamais rencontré son grand-père, celui-ci est porté disparu depuis cinquante ans. Une demi-vie à l’attendre. Le juge a décidé qu’il était temps pour la famille de faire son deuil et dans cette descendance, il ne reste que Clairette. — Elle est géante cette maison. — Tu la dis, c’est un véritable palace, confirme John. — Il paraît que grand-père travaillait pour la mafia. — C’est pour cela qu’il a disparu. Je suis certain qu’il est en ce moment dans une île paradisiaque en train de boire des cocktails sur la plage à la santé des inspecteurs de police. Clairette descend de la voiture, ses pieds foulent la douceur de la pelouse impeccablement entretenue. — Qui paie le jardinier ? — C’est sûrement des amis du vieux, souligne

Poésie d'un jour.

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  Devant mon poste de télévision. L’autre est responsable de tous mes maux. Je le déteste, car il est beau. En plus d’être beau, il est intelligent avec de nombreux abdos. Moi, je suis avachi sur mon canapé, devant mon poste de télévision, j’ai mal au dos. Je suis fatigué, l’autre est en forme. Je suis seul avec ma bouteille de vin, lui est accompagné de jolis seins. Je le déteste, je le hais, je lui fais la grimace. Lui, il me sourit, je crache sur sa tête de limace. Je n’ai pas d’avenir, c’est de la faute de Macron ou de l’eau-de-vie. Quoi ? Tu me dis de dessiner ma vie. Tout cela n’est que des paroles ou de mauvaises visions. Moi, je préfère rester devant mon poste de télévision.

Nouvelle fantastique. Grincement.

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  Grincement. Dans la rue déserte, la pleine lune éclaire une neige froide et abondante. Un vent glacial gifle la porte d’entrée, la lumière du plafonnier s’enrhume sans aucune pitié. Dans le hall de l’hôpital de Neuilly-sur-Seine, les deux policiers, chargés de prendre la plainte d’Amélie, soufflent de colère, ils savent. Le violeur est déjà loin. Amélie essuie ses larmes, son regard n’ose plus fixer les yeux de ce jeune médecin. — Je vous fais un arrêt maladie de trois jours ! — C’est vous le professionnel, cède l’étudiante d’une voix étouffée. Trois jours pour se remettre des coups de poing à la figure, au ventre. Trois jours pour oublier l’haleine fétide de son agresseur. Trois jours pour oublier cette douloureuse pénétration interdite. Amélie n’a plus de force pour gifler ce con de médecin. Elle veut renter chez elle, se cacher sous la couette et ne plus en sortir. La pleine lune éclaire maintenant une Amélie marchant péniblement dans la rue. Les chauffeurs de taxi dorment,